Mesurer une piscine grâce à la photogrammétrie

La photogrammétrie. Voilà le nom d’une technique qui vous permettra de mesurer vite et bien les dimensions d’une piscine, sans avoir recours au travail manuel.

7 avril 2014 Conseils - Lecture : min.

piscines
Calcul des dimensions d'un bâtiment - Photo Severnpartnership

La photogrammétrie permet de déduire des dimensions physiques depuis des représentations picturales. Née en France, la photogrammétrie est d'abord l'oeuvre d'un officier de l'armée française, Aimé Laussedat, qui utilisait des photographies de paysages pour étudier et surtout mesurer le terrain.

La photogrammétrie est déjà utilisée dans de nombreux domaines : la cartographie, l'aérospacial, l'expertise médico-légale… Elle permet même de reconstituer des accidents de la route, libérant ainsi plus rapidement les voies pour les automobilistes.

Mais la photogrammétrie est aussi un formidable allié pour les piscinistes, et notamment dans la conception de couvertures et de liners.

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Reconstitution d'un accident - Photo Kineticorp

La photogrammétrie et les piscines

Et pourtant, quoi de plus étrange que de mesurer une piscine à partir de photos ? On peut douter du fait qu'une personne seule avec un appareil photo réussisse à obtenir les dimensions réelles d'une piscine en moitié moins de temps qu'une équipe de deux sur le terrain.

Malgré tout, mesurer les dimensions d'une piscine grâce à la photogrammétrie permet d'éviter les erreurs de calcul, de gagner du temps, et surtout de mesurer des piscines très complexes (multi-niveaux, dotées de cascades, etc.). En outre, un tel équipement permet de réaliser jusqu'à 300 mesures par jour, ce qui est crucial lorsque l'on sait que les revendeurs de couvertures réalisent énormément de vente en automne, au moment de la mise en hivernage, et que la rapidité est alors essentielle.

Classiquement, lorsque l'on mesure une piscine manuellement, son périmètre est marqué en utilisant des piquets, des rubans en fibre de verre et de la craie ; les mesures sont reportées sur un papier, avant d'être envoyées au fabricant. C'est un travail de longue haleine, qui accapare deux personnes. Or, depuis de nombreuses années, les piscinistes sont demandeurs d'une autre manière de mesurer, plus précise et moins contraignante.

Aujourd'hui, c'est chose faite. De nombreux industriels possèdent leur propre logiciel de photogrammétrie : bien que différents les uns des autres, ceux-ci utilisent toujours le principe de la triangulation de l'image pour mesurer l'objet.

Comment ça marche ?

Considérons que la photographie convertit notre monde tri-dimensionnel en une image plate, en deux dimensions. La photogrammétrie est le contraire : elle reconstruit les images plates en un modèle en trois dimensions.

Voilà pour le principe de base. Si nous voulons être plus précis, disons que cette technique utilise la parallaxe obtenue grâce à des clichés pris depuis des points de vue différents.

La photogrammétrie copie la vision stéréoscopique de l'humain, et utilise aujourd'hui les calculs de corrélation entre les images numériques. La géométrie des images doit être optimale, afin que la copie en 3D soit le reflet parfait de la réalité. Pour ce rendu optimal, différents clichés de différents points de vue sont nécessaires, qui, se chevauchant, permettront d'obtenir une perspective parfaite de l'objet à observer.

Pour mesurer une piscine, on conseille de prendre des clichés obliques en hauteur, tout autour de la piscine. Un logiciel permettra de reconstituer un environnement en 3D à partir de ces images, et ainsi de calculer le périmètre du bassin.

La clé de la réussite ? La répétition. Les images doivent se chevaucher, afin d'avoir un rendu le plus précis possible.

Il est également important d'avoir de discrets éléments de référence dans les clichés, placés autour de la piscine, qui permettront un calcul précis. Ces éléments peuvent être des pièces de bois ou des catadioptres placés à intervalles réguliers, qui seront identifiées automatiquement sur la photo lors du processus de modélisation 3D. La mesure entre deux points de référence doit être entrée dans le logiciel, afin de déterminer l'échelle. Une fois les photos importées, ce logiciel détermine l'angle de l'appareil photo, et calcule les points de référence pour construire la 3D.

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Photo Pool & Spa News

Grâce à la photogrammétrie, les erreurs de calcul sont évitées, et les mesures ajustées : les couvertures créées grâce à cette technique s'ajustent comme un gant au bassin. Non seulement cela permet d'envoyer une seule personne sur le terrain, mais, en outre, cela évite de devoir retourner sur le terrain pour vérifier les mesures.

Devoir retourner sur le terrain… La crainte de chaque pisciniste. Deux techniciens peuvent prendre des heures à mesurer une piscine, pour finalement s'entendre dire par le fabricant qu'il y a un souci ici ou là. Il faut alors retourner sur le site, et reprendre le travail.

Bien sûr, de nombreux programmes développés pour les fabricants existent d'ores et déjà, permettant de minimiser les erreurs : les mesures d'une piscine sont introduites dans un programme, qui permet aux techniciens de savoir immédiatement si elles sont exactes. S'ils évitent les erreurs, cela ne change rien en ce qui concerne la prise de mesures manuelles. La photogrammétrie, elle, permet des résultats rapides et précis.

Non seulement elle permet de mesurer avec précision le périmètre d'une piscine, mais elle permet aussi de prendre des mesures en hauteur, dans le cas de piscine multi-niveaux, de cascades, etc.

Efficacité, réduction du risque d'erreurs, gain de temps, précision... Les avantages de l'utilisation de la photogramétrie sont nombreux. Une fois que les photos sont prises, il suffit de les partager avec les fabricants, afin que les couvertures soient fabriquées.

La photogrammétrie n'a pas fait ses preuves que pour le calcul de couvertures, mais aussi de liners. La méthode est la même que pour le calcul d'un diamètre. Attention cependant, les contours d'un bassin étant moins définis que le périmètre, cela exige de nombreux marquages à l'intérieur.

Cette technique peut aller très loin, notamment avec l'utilisation de drones qui s'élèvent au-dessus des piscines, réalisant le travail en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Et l'appareil photo, dans tout ça ?

Là est la question cruciale : un appareil photo bas de gamme peut-il permettre de réaliser des mesures de qualité, ou faut-il investir dans un matériel sophistiqué ?

Il faut comprendre que la photogrammétrie fonctionne en déterminant la distance entre l'appareil et l'objet photographié (distance focale). Le problème des compacts numériques est leur fonctionnement en autofocus, en conflit avec les bases mêmes de la métrique. N'autorisant par les réglages manuels, ils ne sont généralement pas recommandés pour des mesures optimales. Un reflex ou un bridge avec un simple objectif sont idéaux pour ce travail, notamment car ils possèdent un programme de mise au point sur l'infini, c'est-à-dire que l'appareil peut focaliser sur un point infiniment distant, pour une précision optimale.

Cela ne veut pas dire que les piscinistes devront se doter d'un appareil dernier cri : les professionnels de la photogrammétrie recommandent l'utilisation d'un bridge, idéalement situé en milieu de gamme, comme par exemple le Canon PowerShot ou le Nikon Coolpix. Parfaitement calibrés, ces appareils permettent des mesures optimales.

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Clacul des dimensions d'un bâtiment - Photo tu-dresden

Pour aller plus loin…

Le domaine de la mesure, et particulièrement dans le champ de la piscine, n'est pas condamné à faire du sur-place, et à travailler indéfiniment à partir de techniques de mesure manuelles. Si nous pouvons aujourd'hui mesurer un objet avec précision à partir d'une photo, nous pouvons aussi utiliser la technologie laser.

Des systèmes de mesure laser ont été développés, permettant de couvrir un large champ simplement. Le laser, monté sur un trépied et placé à l'extrémité peu profonde d'une piscine vide, peut ainsi déterminer la longueur, la largeur et la profondeur du bassin. Cette technique permet ainsi de prendre dans le même temps les mesures du liner comme de la couverture.

De nombreuses entreprises, lassées des mesures manuelles, de la perte de temps et des erreurs possible, ont ainsi décidé de se tourner vers ces nouvelles techniques, qui permettent un gain de temps et une qualité de mesure certains.

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